Alexandre 1er: Marseille et son devoir de mémoire - 4ème partie

Le monument commémoratif

L’attentat d’octobre 1934, qui a coûté la vie au roi de Yougoslavie Alexandre 1er et au ministre français des affaires étrangères Louis Barthou, avait eu un retentissement mondial en ces temps d’instabilité politique. Un tel événement en son sein marque à jamais le destin d’une ville. Mais à l’heure de commémorer les 90 ans de cette tragédie, de quelle façon Marseille perpétue le souvenir de cette journée funeste afin d’accomplir son devoir de mémoire?
Après les plaques commémoratives sur les candélabres, la dalle en bronze et la place de la Bourse,  nous clôturons cette semaine notre enquête avec le monument commémoratif de la Préfecture.

Les documents de référence

En 1938 est érigé le monument commémoratif au roi Alexandre 1er de Yougoslavie et au président Louis Barthou, à quelques mètres du bâtiment de la Préfecture où avaient été déposées les dépouilles des deux hommes d’état, le soir de l’attentat. Quelques rares cartes postales l’ont immortalisé. Voici, à ma connaissance, les trois seuls modèles existants.

Sur les lieux

Arrivé sur place, à l'angle de la rue de Rome et du boulevard Paul Peytral, une belle surprise m'attend: le monument m'apparait, flambant neuf! Pour ne rien vous cacher, je m'étais rendu sur place il y a quelques mois, afin de suivre l'avancement des travaux d'aménagement de la ligne 3 du tramway. L'état de saleté du monument m'avait alors choqué (voir photos ci-contre: âmes sensibles s'abstenir...). Il faut espérer qu'à l'avenir, la municipalité soit plus pointilleuse sur l'état de son patrimoine.

Conclusions de l’enquête

Nous avons regretté:
– La disparition du candélabre et de ses deux plaques sur la Canebière.
– La disparition (l’enfouissement?) de la plaque en bronze sur la chaussée de la Canebière.
– Le square Alexandre 1er débaptisé au profit (légitime) du Général de Gaulle.
Nous avons aimé:
– La pose d’un panneau d’informations accessible relatif à l’attentat, à proximité des lieux du drame.
– La rénovation du monument de la Préfecture.

En conclusion, peut-on affirmer que Marseille s’acquitte de son devoir de mémoire concernant l’attentat du 9 octobre 1934?
La réponse est oui.
Car malgré le temps qui passe et les aménagements urbains, la ville a su sauvegarder les quelques éléments essentiels pour que cet événement tragique demeure dans nos mémoires.
Même si l’on peut déplorer la disparition de la dalle posée à même la chaussée, une œuvre originale et unique, qui aurait pu devenir un passage obligé pour les nombreux visiteurs de la cité phocéenne.

A la une du quotidien le Petit Marseillais du 17 mars 1935. Les membres de l'équipe de football du Beograd S.K., champions de Yougoslavie devant la dalle commémorative de la Canebière, la veille de disputer un match contre l'Olympique de Marseille au stade Fernand Bouisson (stade de l'Huveaune)

Voir aussi

Sur le trottoir d'en face, un établissement privé perpétue, à sa manière, le souvenir du monarque assassiné: l'hôtel Alexandre 1er.

Des images terribles

L'info en plus

Le monument commémoratif au roi Alexandre 1er de Yougoslavie et au président Louis Barthou est l’œuvre conjointe d’un architecte, et de trois sculpteurs. Tous les quatre ont désormais une voie marseillaise qui porte leur nom, même si,  bien évidemment, leur oeuvre ne se résume pas au seul  monument de la Préfecture.
Rue Gaston Castel, architecte. 16ème arr.
Boulevard Louis Botinelly, sculpteur. 4ème arr. (ex. bd du chemin de fer)
Rond-Point Antoine Sartorio, sculpteur. 16ème arr.
Boulevard Elie Vezien, sculpteur. 8ème arr. (le nom de l’architecte a été accolé à l’ancien nom de la voie: l’appelation exacte est donc Bd Joachim – Elie Vézien. Une plaque biographique est apposée au niveau du numéro 44, devant la maison où vécut le sculpteur)

Sur la toile