Marseille sous la neige
La neige à Marseille, c’est toujours un événement qui se distingue d’abord par sa rareté: le dernier épisode neigeux d’importance a eu lieu en janvier 2009, même s’il n’a duré qu’une journée. Il faut ensuite remonter à janvier 1987 pour retrouver des chutes de neige d’une certaine ampleur. Le phénomène avait alors duré trois jours…une éternité pour les marseillais.
Car la neige à Marseille, c’est aussi et surtout de grosses difficultés pour circuler, des écoles fermées, des coupures d’électricité… Marseille n’est vraiment pas préparée pour ce genre d’événement météorologique.
Et pourtant, la neige a Marseille, c’est également les rires des enfants qui résonnent dans une ville devenue silencieuse, les descentes en ski insolites sur les pentes enneigées de la Bonne Mère ou encore ces photos de la cité phocéenne en noir et blanc.
Les cartes postales anciennes n’ont pas manqué d’immortaliser ces instants magiques et inhabituels. En voici un aperçu.
Le 14 janvier 1914
Durant les mois de janvier et février 1914, une vague de froid intense et durable s’abat sur le pays. Le midi n’est pas épargné, bien au contraire, et il neige abondamment à Marseille dès la mi-janvier. Les éditeurs de cartes postales, toujours à l’affût de vues originales pour étoffer leur catalogue, n’ont évidemment pas laissé passer l’occasion. Certains d’entre eux, chose assez rare pour le souligner, ont même pris le soin de mentionner la date de la prise de vue sur la carte. Ceux qui ont un jour tenté de dater précisément la prise de vue d’une carte postale sauront apprécier cette attention…
Le 7 janvier 2009
Ce mercredi 7 janvier 2009 est à marquer d’une pierre…blanche. Il s’agit, à ce jour, du dernier épisode neigeux d’importance qu’ait connu la cité phocéenne. Trente centimètres de neige se sont abattues sur la ville en seulement quelques heures.
« En ce temps là, je travaille du côté de l’hôtel des Postes de la rue Colbert. Dès le matin, quelques flocons font leur apparition, rien de bien sérieux me dis-je. Mais les choses évoluent très vite, et la ville se recouvre rapidement d’un blanc manteau de plusieurs centimètres d’épaisseur. En milieu d’après midi, nous sommes autorisés à rejoindre nos foyers par anticipation.
Hélas, les transports urbains sont paralysés: les bus ne circulent plus, les tramways flambant neufs pas davantage. Même le métro est en difficulté à cause des portions à ciel ouvert situées aux terminus de la Rose et de Dromel. Je comprends très vite qu’il me faudra regagner mon domicile à pied. Plus de deux heures seront nécessaires pour rejoindre ma demeure, située alors sur les hauteurs de Saint Loup.
Tout au long de ce périple forcé, la ville m’apparait comme étrangère. J’emprunte des chemins familiers et mille fois arpentés, mais je ne reconnais plus rien: la neige a tout transformé, j’ai l’impression de me diriger de façon instinctive, sans les points de repères habituels.
L’appareil photo, qui ne me quitte jamais, me permettra d’immortaliser ce parcours irréel. »