Le char Jeanne d'Arc

Ancienne carte postale du char le Jeanne d'Arc à Marseille

Le char Jeanne d’Arc symbolise les terribles combats qu’a connus Marseille pour sa libération. Il repose désormais face à la Bonne Mère qu’il était venu délivrer, à l’endroit même où il fut détruit, un matin d’août 1944.  A l’heure où nous allons commémorer les 80 ans de la bataille de Marseille, la Marsiale a choisi de rendre hommage au char et à son équipage, à travers les cartes postales parues au siècle dernier.

Grace à cette carte postale datant certainement de la fin des années 30 – début 40, et prise de la Bonne mère, le décor des drames qui vont se jouer dans quelques mois est planté:
1 – Le pont transbordeur, qui trône depuis près de trente cinq ans à l’entrée du Vieux-Port et qui vit ses derniers mois.
2 – Le quartier nord du Vieux-Port en passe d’être réduit en poussières.
3 – La montée des Oblats qui mène à Notre Dame de la Garde, qui sera le théâtre du drame du Jeanne D’arc.
4 – Le jardin épiscopal de l’archevêché, dans lequel s’échouera le Jeanne D’arc durement touché par l’artillerie allemande.

Quelques mois ont passé, et cette carte postale signée Ryner, assez peu courante et d’une richesse documentaire extraordinaire, prise sous le même angle de vue que la précédente, laisse deviner les moments tragiques qui se sont déroulés durant les jours et les semaines précédents:
1 – Dans la nuit du 22 août 1944, l’occupant dynamite le pont transbordeur afin d’obstruer l’entrée du port. Mais seul, le pylône nord s’écroule. Le pylône sud restera en l’état, jusqu’à sa destruction, un an plus tard, le 1er septembre 1945.
2 – Dans le même temps, le paquebot « le Cap Corse » est échoué à l’entrée du Vieux-port afin d’interdire l’accès à un éventuel débarquement maritime. Nous distinguons ici la cheminée du navire coulé.
3 – Suite à la rafle de janvier 1943, le quartier nord du Vieux-Port, 14 hectares d’habitations, est méthodiquement détruit par les troupes du génie allemand.
4 – Sur la montée des Oblats, le char Jeanne d’Arc sévèrement touché et en flamme, est contraint de reculer en catastrophe pour s’échouer, après en avoir détruit le mur,  dans le jardin épiscopal de l’archevêché dont nous distinguons le grand bâtiment blanc et sa  représentation sculptée  de la Vierge Marie sur la façade. Seuls deux des cinq membres de l’équipage survivront. La carcasse du char sera rapidement extraite du jardin et entreposée temporairement sur ce qui deviendra plus tard la place du Colonel Edon.
5 – Des impacts de tirs sur le mur de cette maison témoignent de la violence des combats. Si ces traces ont été effacées depuis, certaines se trouvant sur les murs de la basilique de Notre Dame ont été conservées et encore visibles de nos jours.

Toujours signée de l’éditeur marseillais Ryner, cette carte illustre les alentours du Vieux-Port quelques mois plus tard:
– Le pylône encore debout du pont transbordeur a été dynamité et retiré. Les ports, au loin, durement touchés lors de la bataille de Marseille reprennent peu à peu leurs activités.
– Le retrait des décombres et des gravats du quartier nord du Vieux-Port se poursuit. A l’occasion, on rase les habitations encore debout mais jugées trop vétustes ou fragilisées par les dynamitages passés.
– Après avoir été reconstitué et remis en état, le char Jeanne d’Arc repose désormais à quelques mètres du drame qui a couté la vie à trois membres de son équipage. Inauguré le 25 août 1946, il devient le symbole de la libération de la ville pour toutes les générations qui suivront.

La reconstruction de la ville bat son plein, sur cette carte signée de l’éditeur strasbourgeois Cap, datant du milieu des années 50. L’îlot de la Tourette est pratiquement achevé, sous l’égide du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Le Jeanne d’Arc, quant à lui, est devenu une « étape souvenirs » pour celles et ceux qui se rendent à Notre Dame de la Garde par la montée de l’Oratoire, sans emprunter l’ascenseur encore en activité pour une bonne quinzaine d’années.

Fort logiquement, le Jeanne d’Arc, stationné sur la route qui mène à la Bonne Mère, devient un sujet de choix pour les cartes postales contemporaines. Les éditeurs rivalisent d’imagination pour proposer à leurs clients le meilleur angle de vue du Sherman M4A4. En voici un florilège, parmi les nombreuses cartes parues sur le marché sur ce thème.

Encore très récemment, trois mystères planaient autour du Jeanne d’Arc:
-Quelle était la véritable identité du pilote?
-Quelle armement a causé l’incendie et la destruction du char?
-Le Jeanne d’Arc exposé sur la place du colonel Edon est-il vraiment l’original?
Vous aurez toutes les réponses sur ce forum, fort bien documenté et alimenté par des passionnés et des experts:
Sudwall-Superforum

La chronologie des événements tragiques du 25 août 1943 illustrée de nombreuses photos d’archive sur le site:
♦ Association des fortifications de Marseille